En France, un enfant meurt tous les 5 jours de violences intrafamiliales, un enfant sur 5 est victime d’agression sexuelle et un enfant sur 3 est victime de violence psychologique. Les violences faites aux enfants ne diminuent pas, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, voire elles augmentent.
Pour lutter efficacement contre ces violences, nous pensons qu’il est important de déconstruire certaines représentations, car elles nous empêchent de voir la réalité.

À l’instar des violences faites aux femmes, les enfants ne sont pas agressées le soir dans une ruelle sombre, mais bien dans les lieux qu’ils fréquentent au quotidien (leur foyer, leur établissement scolaire, les lieux de leurs loisirs ou de leurs activités culturelles, artistiques ou sportives).
Contrairement aux idées reçues, dans la plus grande majorité des cas, les auteurs d’agressions à l’égard des enfants ne sont pas des inconnus, mais bien des adultes de leur entourage, avec qui les enfants peuvent avoir une relation de confiance.
Contrairement à ce qu’on peut penser, les violences faites aux enfants concernent tous les milieux sociaux-économiques et culturels. Ainsi, il est important de préciser que les auteurs d’agression ne sont pas seulement issus de milieux sociaux précaires. De même, le mythe du pédophile sorti d’hôpital psychiatrique ne correspond pas à la réalité de l’auteur d’agression sexuelle. Il s’agit plutôt d’hommes-cis bien intégrés dans la société.
 
Dans notre société et depuis l’affaire Outreau, notamment, l’idée que les enfants mentent ou exagèrent est tristement admise. Cette représentation remet donc en cause la crédibilité de leur parole lorsqu’ils révèlent les agressions qu’ielles subissent. De même, il est assez répandu de penser que les enfants provoquent leur agresseur voire ont consenti l’acte. Ces mythes protègent les agresseurs depuis toujours.

Ces représentations, en plus d’être erronées, ont également pour conséquence le maintien d’une culture du silence autour des violences faites aux enfants. Les nombreuses révélations liées au mouvement du #MeeTooInceste ont permis de mettre en avant le silence dans lequel les victimes d’agressions sexuelles sont enfermées.

L’idée que les victimes auraient provoqué leur agresseur est assez répandue : penser que la victime a pris des risques ou a adopté une attitude qui aurait déclenché ou permis l’acte participe d’un mécanisme d’inversion de la culpabilité. Un enfant n’a aucun intérêt à inventer une histoire de violences sexuelles. La plupart du temps, son agresseur l’a manipulé·e ou menacé·e pour qu’il-elle se taise: “Si tu parles, j’irai en prison ! Personne ne te croira ! Ta maman ne t’aimera plus !” etc. Cela maintient les enfants dans l’isolement et les empêche de se reconnaître en tant que victime et de parler de leur souffrance.

Cette culture du silence contribue aussi à considérer les actes de violences faites aux enfants comme des faits isolés, marginaux, qui par conséquent n’impliquent pas l’ensemble de la société. Elle empêche de penser des stratégies efficaces de prévention.